Philippe Pastor, une véritable nature artistique

Né à Monaco en 1961, cet artiste autodidacte au parcours atypique s’est imposé tant par la force de ses créations que par son engagement pour l’environnement.

Bien que ses sources d’inspiration soient multiples, son travail d’artiste gravite autour d’un thème central : la nature. Utilisant pour ses œuvres différents matériaux naturels et vivants, tels le sol, les minéraux, les pigments ou encore différentes espèces de plantes, Philippe Pastor nous confronte à la destruction de l’environnement et l’implication de l’Homme dans le société… Finalement, sa propre vision de la vie. Les séries qu’il décline au fil des ans s’imposent de façon croissante sur la scène internationale. Il a ainsi déjà exposé ses œuvres dans le monde entier, notamment grâce à sa participation à la 52ème et 53ème Biennale de Venise (2009), qui a marqué un véritable tournant dans sa carrière d’artiste.

Artiste engagé

N’ayant pas hésité à réfuter tout mouvement d’appartenance afin de s’épanouir dans une totale liberté d’expression, Philippe Pastor reconnaît très tôt dans le nature une source illimitée d’inspiration, de recherches, de formes et file la métaphore végétale afin d’embrasser l’universalité de la condition humaine. Philippe Pastor conjugue de front les problématiques liées au média pictural et celles de la sauvegarde de l’environnement. La protection de l’environnement est au centre de ses préoccupations d’homme et d’artiste. Comme il l’explique lui même, ce thème est pour lui primordial : « Cela fait des années que je travaille avec la nature. Je n’ai pas attendu que cela devienne « à la mode ». L’homme est toujours lié à la nature et il en perd malheureusement les repères. Je suis vraiment sensible à cela car on se rend compte aujourd’hui de ce que l’homme détruit, tous ces malheurs, ces bouleversements climatiques et notamment le dérèglement dans l’alternance des saisons. Ce que l’homme détruit d’un côté, il ne le reconstruit pas de l’autre. L’homme ne veut pas voir la réalité en face mais ça, c’est dans tous les domaines. C’est le message que je souhaite faire passer pour l’environnement, c’est quelque part mon engagement. C’est pour moi une préoccupation essentielle et c’est ce que j’aime travailler à travers ma peinture ». Philippe Pastor soutient activement les activités de la Principauté de Monaco en matière de protection de l’Environnement, en mettant son talent au service de cette cause. Il a ainsi fondé il y a une dizaine d’années l’association Art & Environnement, à travers laquelle il plantera de nombreux arbres. Cette initiative est placée sous le haut patronage de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco et le professeur Wangari Maathai, Prix Nobel de la Paix en «2004.

Parcours artistique

Philippe Pastor est mondialement connu pour ses Arbres Brûlés, mais cet artiste a exploré de nombreux domaines et ne craint pas de casser les codes. « Mon travail a d’abord commencé par les sculptures d’arbres calcinés et après un travail pictural assez figuratif, j’ai glissé peu à peu vers l’abstraction. Au début je produisais des toiles très colorées, très expressives sur lesquelles j’apposais même des mots, des phrases. Il y avait déjà une part d’abstraction dans leur agencement mais j’ai voulu m’y plonger vraiment pour découvrir autre chose. Avant de pouvoir réellement se lâcher dans l’abstraction, il faut du temps. C’est beaucoup plus difficile que ça n’en a l’air ».

L’artiste utilise des matériaux vivants et les transforme en faisant du temps et de son environnement immédiat un allié ; il mélange la terre, les pigments, les minéraux et plantes de toutes sortes, représentant ainsi sa vision de la vie, de la destruction de l’environnement et le rôle de l’Homme dans la société. « J’essaie d’être au plus près des choses en les ressentant le plus possible. Mais c’est aussi une somme de recherches qui me permet de travailler comme je le fais en pleine nature. Il suffit de voir tout ce que j’ai pu accumuler comme dessins d’approches, comme travaux préparatoires dans l’atelier… Que ce soit sur papiers, sur des toiles collées, sur des morceaux de toiles, tous ces travaux sont des essais. De leurs résultats dépend ce que je décide de faire ou de développer ensuite ». Philippe Pastor réalise des œuvres de grande taille en extérieur : « Je mets de grandes toiles sur des bâches, à plat en pleine nature. Il a fallu du temps pour mettre au point tout ce processus de création. Pendant six à huit mois, les toiles s’imprègnent littéralement de la nature ».

Recherche picturale

Depuis les années 1990, son travail a été reconnu par deux Biennales de Venise et a été exposé à travers le monde. Il est l’artiste officiel du Pavillon de Monaco à l’Exposition Universelle EXPO Milan «2015. Dans sa démarche créatrice, Philippe Pastor a exploré des pistes plus classiques, mais toujours avec son engagement en fond. Ainsi, sa célèbre série « Bleu Monochrome » s’attaque à la question de la contamination des fonds marins. Une démarche qu’il a reconduite pendant l’hiver 2016, avec une déclinaison du concept en blanc, « Pôle Nord », évoquant la destruction de la couche de glace sous l’effet du réchauffement climatique. Et demain ? Tout est possible. « Mon projet est de ne pas avoir de projets. Je suis un observateur, de la nature, mais aussi de phénomènes de société ou du milieu de l’art dont le fonctionnement est parfois aberrant ». Il ne nous reste qu’à nous armer de patience.

Pascal Rosier

Les arbres Brûlés au Château des Marres

Le Château des Marres présente pour la saison 2017-2018, une installation des sculptures des « Arbres Brûlés » de Philippe Pastor. Située le long de la Route des Plages, dans le Golfe de Saint-Tropez, l’installation nous rappelle la fragilité de l’environnement et le danger que représentent des incendies de forêts, dans une région particulièrement sensible. Philippe Pastor se lance en 2003 dans cette série de sculptures devenue emblématiques de son travail. « En 2003, il y avait toute cette série d’incendies dans le Var. J’utilisais alors des arbres qui avaient brûle et je n’ai pas trouvé autre chose e plus fort pour dénoncer la négligence de l’homme face à la nature ». Ces sculptures sont aujourd´hui devenue un symbole de la déforestation et sont exposées à travers le monde, notamment à New-York, à Singapour, ou au siège des Nations Unies à Nairobi. En 2016, les « Arbres Brûlés » s’exposaient sur l’Esplanade du Grimaldi Forum.