Philippe Pastor, l’art au service de la nature.

Entre Monaco, la France et l’Espagne, le Monégasque poursuit sa carrière d’artiste comme un combat contre “un onde qui va mal et qui détruit notre bien le plus précieux”: la Terre.

Nul n’est prophète en son pays. Philippe Pastor, artiste peintre et sculpteur de nationalité monégasque, est bien connu du milieu de l’art contemporain. Relativement peu représenté en Principauté, il poursuit son travail depuis Saint-Tropez (Var) et principalement à Figueras, en Espagne. Au plus proche de la nature, il déploie d’immenses toiles au sol, jette les pigments et la couleur comme d’autres sèment des graines. Et attend parfois durant quatre saisons, que la nature fasse son œuvre. Les feuilles mortes, les brindilles, la pluie, le vent portent les toiles à maturité.

A Nice, Paris et Milan

Quelques mois plus tard, l’œuvre arrive sur le marché de l’art. Deux « petits formats » viennent de se vendre à Londres : un Bleu Monochrome de 153x100cm a été adjugé à 40 176 euros, un Quatre Saisons est parti à 45 949 euros.

En marge de son travail pictural, Philippe Pastor continue à sculpter les arbres brûlés qu’il récupère après les incendies. On connaît ceux plantés comme des totems à l’aéroport de Nice. (…) Les arbres carbonisés seront notamment à la gare du Nord de Paris. L’exposition universelle de Milan du 1er mai au 31 octobre 2015, intitulée « Nourrir la planète, énergie pour la vie », sera également un point d’orgue des actions de Philippe Pastor. Le pavillon de Monaco présentera également ses arbres ténébreux comme autant de piliers qui ne soutiennent plus de cathédrale.

JOËLLE DEVIRAS

Questions à Philippe Pastor, artiste

« Je recherche l’harmonie avec les éléments »

Philippe Pastor est un solitaire. Dans sa vaste ferme de Catalogne, il veut être au plus proche des éléments naturels – la terre, la mer, le feu – pour y trouver sa source d’inspiration et ainsi délivrer son message en faveur de l’environnement.

Depuis quand puisez-vous votre inspiration dans le nature ?

Dès le plus jeune âge, je me promenais seul dans les forêts et dans la montagne. Je n’étais pas vraiment intégré. Plutôt… Comment dire ? A la marge.

Un marginal ?

On ne peut pas être bien dans une société malade. A moins d’être mal portant soi-même.

A Figueras, dans votre ferme, trouvez-vous l’authenticité recherchée ?

Je continue à vivre dans la nature. Mes tableaux en sont des reprises. La série Bleu Monochrome exprime le non-respect de l’eau. J’ai besoin d’être loin du monde. Ma vie est d’être en retrait, en harmonie avec les éléments. Sur mon terrain, j’écris en ce moment un énorme « Basta » de 200 mètres de long sur la ligne de l’aéroport et que les passagers pourront voir depuis leur avion.

Un cri de révolte ?

Oui, je suis révolté par tout ce qui se passe dans le monde. J’ai vécu l’incendie de 2003 dans le Var. Il est dit que ça a repoussé depuis. C’est faux ! A la place des pins, il y a aujourd’hui des chênes et le sol est truffé de milliers de fourmilières.

Restez-vous optimiste ?

Je ne peux pas l’être. Il n’y a pas 1% de la planète où les choses vont bien. C’est de l’autodestruction. Mon souci est que les gens prennent conscience de l’importance de la sauvegarde de notre bien le plus précieux.

PROPOS RECUEILLIS PAR J.D.