Chauvet
Texte écrit dans le cadre de la Campagne « Plantons pour la Planète» du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUE), 2007

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles »
Sénèque

L’œuvre de tout artiste aspire à l’universalité, à englober l’humanité toute entière, à mettre chaque homme au centre du devenir de la planète.

Imprégnés de cet humanisme fondamental, des artistes comme Frayonard, Watteau, Monet, Lezarinne et Corrot ont toujours souhaité s’inscrire dans un avenir porteur de bien-être et d’émancipation.

Leurs œuvres traduisent cette conviction que le bonheur réside dans la contemplation sensuelle de la nature, le gémissement de l’air dans les arbres, les scintillements de la lumière dans  la ramure, la vibration des plantes et des herbes, le frisson du vent au crépuscule, la rosée sur l’herbe au petit matin.

Plus près de nous des artistes comme G. Pilloch, P. Klee, M. Chayoll sont restés les messagers de cette philosophie humaniste et écologiste.

Philippe Pastor, peintre monégasque, à l’instar de l’opération 7 000 chênes initiée par G. Beuys en 1965, a pris le parti de célébrer des représentations totémiques plutôt que des modèles de compréhension rationnels pour faire passer auprès du grand public un message d’espoir et d’action : particulièrement choqué et meurtri par les incendies qui ont dévasté les forêts de la Garde-Freiner au cours de l’été 2003, l’artiste a réalisé les sculptures « les Arbres Brûlés » pour crier sa colère et sa révolte face à ce massacre d’un site naturel admirable.

Ces sculptures réalisées à partir de troncs d’arbres calcinés de la forêt de la Garde-Freiner ont été exposées au Rond Point de Nuremberg à Sainte Maxime, et six arbres sont aujourd’hui encore sur place afin de maintenir le souvenir de ces feux.

De cet acte de révolte est né un véritable combat afin de sensibiliser un large public sur les dégâts causés par les feux de forêt et la nécessité de préserver les ressources environnementales, et ce à travers le langage universel de l’art. Et c’est avec cet esprit que « Les Arbres Brûlés » parcourent le monde.

Ce cri a été entendu et reconnu par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement qui expose de manière permanente une quarantaine de ces « Arbres Brûlés » à son siège, à Nairobi, au Kenya.

Par l’art, depuis toujours l’être humain défie la mort car cette capacité à durer constitue la caractéristique essentielle de l’art.

Pour sensibiliser le public au fait que la nature, en situation de grande fragilité, doit être l’objet de tous les soins de la part de l’homme afin d’assurer sa vitale pérennité, Philippe Pastor proclame une conception  étendue de l’art qui voit dans tous les domaines de la vie matière à la réalisation artistique. L’art, c’est la vie, et la pensée c’est la sculpture sont ses thèmes de réflexions centraux.

En même temps, ses œuvres sont des sculptures temporelles puisqu’elles allient un processus naturel (les arbres) à un processus commandé par l’homme (les plaques de carcasses de voitures accolés contre les flancs de ces arbres brûlés), ce qui leur confère un caractère d’utopie positive et peut-être désespérée la réalisation du projet de planter un milliard d’arbres pour la planète exige que beaucoup de personnes, plantent des arbres ou contribuent à leur préservation et à la reforestation de la planète.